Pour l’ancien premier secrétaire du Parti socialiste, il est urgent de réunifier le social et l’écologie
L’ancien premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis, publie Le Dîner des présidents (Kero), fiction politique qui lui permet de revenir sur son leitmotiv, la nécessité pour la gauche de travailler à une nouvelle offre politique. Il explique qu’il faudra pour cela mettre la transition écologique au cœur de notre modèle de production.
Vous sortez une fiction politique. Quel en est l’objectif ?
Je pense qu’après la débâcle de la gauche et de la droite et la victoire d’Emmanuel Macron le paysage politique est divisé en trois camps. D’un côté, les nationaux, de l’autre les libéraux, et le troisième, les socialo-écolos. Ce troisième camp n’a pas de colonne vertébrale. Il faut constituer un « intellectuel collectif » permettant d’unir cette social-écologie pour lui donner la perspective de revenir aux responsabilités.
Jean-Luc Mélenchon a déjà tenté de donner une colonne vertébrale à cette pensée…
Oui, mais avec les présupposés du populisme qui voit dans toutes les représentations de la gauche des obstacles à l’ère du peuple. Pour moi, il s’agit de refonder la gauche pour mieux la rassembler.
Par qui est-elle incarnée ?
La gauche, ce sont ceux d’en bas, les collectivités locales, les leaders associatifs et syndicaux, les élus locaux qui l’inventent. C’est ce peuple de gauche qui fera la refondation politique. Le problème, c’est que chaque dirigeant estime que la refondation passera par eux. Et la gauche reste figée dans les années 1980 avec des concepts des années 1960. Il faut se renouveler par le débat, l’ouverture, l’échange, la réflexion, et opérer une véritable révolution culturelle.
Est-ce que ce renouveau passe par le clivage qui émerge entre protection de l’environnement et productivisme ?
Je suis pour une société décente, c’est le nouveau but que l’on doit fixer à la gauche. Cela permet de réunifier le social et l’écologie. Car je ne partage pas l’idée que la transition se fera par la consommation ou les impôts, mais par le fait de mettre la transition climatique au cœur de la production. Cela donnerait à notre industrie de nouvelles perspectives de croissance.
La gauche s’adresse plus volontiers aux classes moyennes qu’au prolétariat. N’est-ce pas une erreur politique ?
Nous ne sommes plus dans une lutte de classes où la gauche devrait être le porte-parole du prolétariat. Dans notre nouvelle époque, c’est l’offre politique qui peut structurer la demande. Et c’est autour d’un projet que l’on peut regrouper les progressistes. Les formations politiques se focalisent sur les fonctionnaires ; d’autres sur les salariés en milieu urbain, etc. C’est dépassé car on se retrouve à défendre une partie d’un tout.
Vous craignez un éclatement de la gauche en 2022. Ce n’est pas nouveau…
Nous étions dans le bipartisme. Il y avait donc une compétition, à gauche, pour savoir qui serait au second tour. En général, c’était le PS qui l’emportait. Aujourd’hui, les écologistes veulent leur candidat, tout comme les socialistes, et Mélenchon l’est déjà… Donc le meilleur d’entre eux fera 15 % des voix. Dans cette division, la gauche est condamnée à ne pas être au second tour. Je ne crois pas qu’il soit possible de raisonner les candidats, mais on peut les submerger en créant un mouvement d’idées pour imposer une candidature rassemblant l’ensemble du peuple de gauche.
Cela passera par des primaires ? Plus personne n’en veut…
L’unité, sans primaires, c’est trois ou cinq candidats. Je fais confiance à l’imagination de la gauche. Mais la question est d’abord : que voulons-nous changer dans la société ? Il faut avoir une offre totalement nouvelle. On ne peut pas aller aux prochaines élections en disant que ce qu’a fait François Hollande, c’est bien, on doit continuer. Ou en affirmant que ce qu’il a fait, c’était mal et qu’il faut changer.
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