Jean-Christophe Cambadélis Ancien secrétaire national du PS, fondateur de la République impartiale
Vous publiez un mémorandum sur la République impartiale qui plaide pour une fraternité laïque. Cette loi lui correspond ?
« Réaffirmer la laïcité, nous en avons les moyens juridiques et constitutionnels donc cette loi spécifique n'est pas nécessaire surtout après la loi sécurité globale qui remet en cause la liberté d'informer. On confond tout alors qu'il suffirait d'avancer ce que nos devanciers ont produit comme lois et institutions.
Dès 2017, j'ai moi-même évoqué le séparatisme. Nos compatriotes musulmans sont en butte à ceux qui veulent qu'ils se séparent de la République. Ce qu'il faut ce n'est pas les stigmatiser mais les protéger. Il y a dans la communauté musulmane des « islamopithèques », des fanatiques de la religion voire des terroristes et nous devons les combattre. On ne peut pas, au nom de l'antiracisme, faire l'impasse sur ces cristallisations qui, par ailleurs, renforcent les racistes de tout poil, ceux qui ne supportent pas les musulmans. La loi garantit la liberté de conscience et de culte mais il faut rappeler à tous les Français que l'idéal républicain, c'est la fraternité laïque et l'égalité, l'application de la loi de la République. Avec une précision : la laïcité n'est pas la laïcisation. J'étais orateur lors de la loi sur le port du voile : on a sorti le foulard de l'école pas des rues. »
Comment la gauche doit s'emparer du sujet ?
« La gauche de gouvernement doit défendre une égalité réelle, une liberté ordonnée et une fraternité laïque basée sur un nouveau contrat social et écologique. Obnubilée par la question sociale et climatique, la gauche a mis de côté l'idéal républicain. Elle a voulu l'extension des libertés individuelles alors que la demande de protection de l'intégrité humaine est aujourd'hui une revendication majoritaire. Si la gauche veut être audible, elle doit retrouver le chemin de la république impartiale et ne pas faire l'impasse sur l'islam fanatique ou dans des registres différents sur l'immigration et l'insécurité. Bref, la gauche doit se réapproprier le régalien d'une manière progressiste. Ce n'est pas le chemin que prend ce gouvernement qui surréagit aux événements malheureux, à la déconstruction républicaine, aux violences urbaines voire aux assassinats terroristes. Voilà pourquoi je déplore l'émiettement au sein de la gauche à un moment où elle doit être capable de surmonter les divergences. »