1/ Quelle est votre position dans cet entre-deux tours de la présidentielle?

L’agenda de ces quinze jours c’est battre Marine Le Pen en votant Emmanuel Macron. Avec elle, rien n’est possible, tout s’aggrave. La gauche n’a rien à gagner avec Marine Le Pen, la France a tout à perdre.

2/ Que pensez-vous de la position de Jean-Luc Mélenchon de « ne pas donner une seule voix à Marine Le Pen » ?

Il ne faut pas se fier aux sondages: Marine Le Pen peut gagner la présidentielle. Et le danger, c’est l’abstention. L’abstention c’est le vote Le Pen, chaque voix compte. La gauche doit donc se mobiliser. Il serait bon que tous les leaders de gauche organisent un meeting commun pour battre Marine Le Pen et voter en faveur d’Emmanuel Macron. Je l’avais fait en 2017 à Dijon avec François Rebsamen et Bernard Cazeneuve. 

3/ Quel est votre diagnostic sur le résultat du PS et d’Anne Hidalgo (1,8%)?

Le constat est simple: le PS a rendu l’âme et Mélenchon, malgré un vote utile remarquable, a échoué pour la deuxième fois à la qualification au second tour. Le dégagisme a achevé son oeuvre, les partis de gouvernement sont « out », un nouveau clivage se met en place entre libéraux et nationalistes entre les tenants du marché et les tenants de la préférence nationale. La gauche sociale et républicaine est, à cette étape, hors jeu. Le PS et la candidate Anne Hidalgo n’étaient pas prêts. Le courage ne peut pas tout. Anne Hidalgo ne pouvait pas changer le plomb du PS en or de l’espoir. Les Français nous ont dit: « vous n’avez pas changé, vous êtes hors-sol et la division a produit un vote utile qui nous a achevés.

4/ Pour vous, Jean-Luc Mélenchon aurait échoué, alors qu’il a fait un meilleur score qu’en 2017 ?

Je dis à mes amis socialistes: ce n’est pas Mélenchon qui est responsable de notre score, c’est nous qui sommes responsables du score de Mélenchon. Tant que nous ne nous serons pas refondés, Mélenchon semblera un moyen de défendre l’honneur de la gauche. Mais le Mélenchon de 2022 n’est pas celui de 2017. En 2017, il avait gagné le débat entre gauche de gouvernement et gauche de contestation. Cette année, il gagne le débat du vote utile. Je persiste à croire que la radicalité dans un pays dépolitisé et très à droite ne pouvait l’emporter, il ne l’a pas emporté.

5/ Que proposez-vous pour que le PS reprenne le leadership sur la gauche?

A court terme, il faut battre Marine Le Pen. Il faut ensuite annoncer, lors du prochain Conseil national du 19 avril prochain, qu’on changera tout, annoncer la tenue, à l’automne, d’un Congrès d’autodissolution pour une refondation. Il faut lever l’hypothèque d’un replâtrage, d’un « sauve qui peut. » Dans ce sens, Olivier Faure doit annoncer qu’il va démissionner, comme Harlem Désir et moi-même l’avons fait en 2014 et 2017. Cela serait une bonne chose pour son élection législative et aussi pour la crédibilisation de la refondation.

6/  doit déboucher sur quoi?

Pour moi, il faut une refondation et la création d’un nouveau parti, un parti social-démocrate et populaire. Son objectif, rassembler les électeurs de centre gauche, son but, la concorde nationale par la justice sociale, et son moyen, le compromis afin de rétablir l’égalité par un Etat impartial et une Europe sociale.

7/ Quel pourrait être le patron de ce nouveau parti? Carole Delga, la présidente d’Occitanie?

La question ce n’est pas qui mais d’abord quoi. Nous avons suffisamment abîmé Anne Hidalgo pour ne pas abîmer d’autres responsables du PS. 

8/ Vous êtes seul à porter cette initiative?

A cette étape, tout seul. Je suis en discussion avec les amis d’Hélène Geoffroy, qui avait recueilli plus du quart des voix lors du précédent Congrès et ceux de Laurent Joffrin, et son mouvement « Engageons-nous! »

9/ Vous pensez que le PS peut sortir plus fort des législatives?

Il ne faut pas se précipiter. L’union est improbable mais la division impossible car ce serait l’auto-élimination. Il faut du sang-froid, une cohérence. Si Marine Le Pen gagne, il faut un front uni des gauches, un candidat commun par circonscription. L’objectif c’est la cohabitation. Si Emmanuel Macron gagne, ce que je souhaite, c’est la nature de l’opposition qui est en jeu. Soit une opposition frontale, soit une opposition responsable. Pour cela, il vaut mieux décider à la base, au cas par cas en laissant faire les fédérations.

10/ Une opposition responsable, ca veut dire gouverner avec Emmanuel Macron?

Cela n’est pas le problème du jour. Il faut d’abord faire élire Emmanuel Macron.

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