Dans l'Opinion :"Jean-Christophe Cambadélis veut lui aussi sauver la social-démocratie"

Mis sur la touche par la vague dégagiste de 2017, l’ancien dirigeant socialiste tente un retour sur un créneau déjà bien encombré

L’ancien député et premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis a présenté jeudi son « mémorandum pour une République impartiale ». Un texte programmatique issu des travaux de son think tank « Nouvelle société » et censé nourrir les débats autour d’une reconstruction du pôle social-démocrate dans la perspective de l’élection présidentielle de 2022.

Il y a de l’embouteillage à gauche sur la voie sociale-démocrate. Si la course à l’Elysée s’est accélérée avec l’entrée en lice de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle, les tenants d’une résurrection de la « gauche de gouvernement » n’ont pas encore abdiqué. Notamment parmi les éléphants du Parti socialiste mis sur la touche ces dernières années et qui entendent à nouveau peser dans l’équation pour 2022. Pris en tenaille entre les ambitions de La France insoumise et celles d’Europe Ecologie-Les Verts, le parti à la rose pourrait en effet être contraint de trouver une porte de sortie.

« La direction du PS a fait un bougé. Jusqu’à présent, Olivier Faure était sur le thème de “l’unité est notre identité” mais, confronté aux positions de Jean-Luc Mélenchon et des écologistes, il y a eu une évolution notable dans ses dernières déclarations. Un travail de fond va être lancé pour définir ce que doit être l’offre de la gauche dans le champ politique et je m’en félicite », analyse ainsi Jean-Christophe Cambadélis. Cela tombe bien : l’ancien premier secrétaire a présenté jeudi son « mémorandum pour une République impartiale » afin de nourrir cette réaffirmation de la social-démocratie.

Bâti autour du triptyque « égalité réelle », « liberté ordonnée » et « fraternité laïque », le texte se veut une base de discussion pour permettre la « restructuration politique de la gauche » qui doit passer, selon Jean-Christophe Cambadélis, par la création d’une nouvelle formation ou une fédération, faute de mieux. « La connexion est refaite » avec la direction du PS qui ne se montrerait pas insensible à sa proposition d’un « nouvel Epinay », assure-t-il. D’autant plus que l’ancien dirigeant est loin d’être le seul à parier sur un hypothétique retour en force de la gauche réformiste.

Flou. L’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve a bien essayé d’explorer cette voie avec son style discret. Beaucoup plus voyant, François Hollande n’en finit plus de se rendre disponible pour 2022 et appelle lui aussi à créer « une nouvelle force politique » pour appuyer une candidature de gauche. L’ancien directeur de Libération Laurent Joffrin est également affairé à la création d’un mouvement dont le congrès est prévu en janvier prochain. « On partage beaucoup de choses, nos points de vue convergent sur l’objectif à atteindre et c’est pourquoi je serai présent à cette réunion. Il faut faire converger toutes ces initiatives plutôt que de se concurrencer », reconnaît Jean-Christophe Cambadélis.

Si le socialiste ne sent « pas hors jeu », comme il l’a indiqué au Journal du dimanche, le flou persiste sur le rôle précis qu’il entend jouer dans la séquence à venir. Pas question pour lui de réciter une partition qu’il connaît bien : celle des motions au congrès du PS qui devait avoir lieu en décembre avant d’être ajourné à cause du reconfinement. Trop « ancien monde », même pour un éléphant. Pressé d’en dire plus, « Camba » file la métaphore cycliste : « On est en train de préparer le sprint final, les leaders se frottent et ça accélère dans les derniers kilomètres. Certains veulent s’échapper pour gagner seuls mais le peloton les rattrape… Le meilleur serait d’avoir un candidat qui rassemble toute ou partie de la gauche sur un projet. Si ce n’est pas le cas, alors il faudra se poser la question de celui ou celle qui portera les couleurs de cette grande famille. Mais pour l’instant, on n’en est qu’à la remontée des équipes », affirme Jean-Christophe Cambadélis. L’important dans un sprint, c’est le placement.

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