"Divers droite", "divers gauche"... Jusqu'à aujourd'hui, toutes les listes concourant pour les mairies de plus de 1.000 habitants se voyaient attribuer une couleur politique par l'Etat. Que vous inspire l'annonce faite par Christophe Castaner de renoncer à cette pratique pour les petites mairies ?

C'est extravagant, purement extravagant ! Retirer leur étiquette à tous les candidats pour les mairies de moins de 9 000 habitants, quel que soit le prétexte invoqué, constituerait une atteinte grave à la démocratie locale. Depuis quand l'exécutif décide-t-il qu'il lui revient de cacher, ou non, la couleur politique des petites communes ? C'est contradictoire avec l'objectif, affiché par le gouvernement, de prendre davantage en compte la démocratie à l'échelon des collectivités locales. 

La majorité explique qu'il s'agissait de répondre à la demande de nombreux élus locaux de ne plus se voir attribuer une coloration politique parfois arbitraire...

Il y avait bien entendu des erreurs ponctuelles, mais le gouvernement a beau jeu d'insister sur ce point. Dans la majorité des cas, les principaux candidats aux municipales déclarent d'eux-mêmes leur orientation politique afin de clarifier les enjeux, sauf si leur but est de brouiller les pistes. On voit bien que derrière ce qu'on présente comme une mesure de bon sens, il y a aussi un sens… caché.

Dans un communiqué, le Parti socialiste accuse en effet la majorité de commettre un « tour de passe-passe électoral »... Que voulez-vous dire ?

On voit bien ce qui se dissimule derrière cette décision, annoncée à moins de six mois des élections municipales. Alors que ces élections  s'annoncent mal pour la majorité, le gouvernement veut déplacer le débat, lorsqu’on aura les résultats : ne plus s’intéresser à l’ensemble des 36 000 communes de France, mais concentrer le regard des observateurs sur les grandes villes, où le terrain est a priori plus favorable à La République en Marche… 

La majorité cherche ainsi à masquer le fait qu'elle ne dispose pas d'une représentation véritablement nationale, et qu'elle peine à trouver des candidats en nombre suffisant sous ses couleurs dans tous les territoires. La vérité, c'est que deux ans et demi après son arrivée au pouvoir, La République en marche est restée le parti de la métropolisation, beaucoup moins bien implantée localement que ce qu'elle voudrait faire croire. Elle est prête à pratiquer un déni de démocratie pour le faire oublier. Le stratagème est assez grossier !