La grande pauvreté, le chômage, l’insécurité sociale, les exclusions, les enfances mutilées, les discriminations de toutes sortes, ou l’explosion des inégalités, ce monde des relégués s’impose sur une partie de la société sans que celle-ci n’y trouve fondamentalement rien à redire.
La marchandisation du monde et sa main invisible, les « valeurs du commerce », les « entreprises Monde », le développement de ce système échappe aux citoyens.
Le système néo-libéral marqué par l’accumulation d’une richesse indécente à un pôle de la société et le précariat insupportable à l’autre pôle, ce monde ancien avec ses crises, son instabilité, son inégalité foncière, son morne quotidien sans autre but que consommer, son développement aveugle sans temps mort ni répit, ce monde-là produit une société trépidante où l’injustice est partout et le contrôle humain quasiment nulle part.
Le réchauffement climatique, la montée des eaux, les pluies acides, la déforestation, la disparition de nombreuses espèces, les pollutions de toutes sortes à commencer par l’air, l’écosystème de l’humanité est chaque jour en plus en danger.
La planète sale vit un écocide sans que les citoyens aient prise sur l’horreur climatique.
La dématérialisation de la société, des repères et des échanges, les manipulations génétiques, biologiques, scientifiques, technologiques, la vitesse effrénée des innovations invitant au temps court, tout semble exclure les citoyens de leurs propres destinées.
La vie quotidienne elle-même est sous l’emprise de risques pour l’être humain ; les raisons en sont mercantiles. Les produits à perturbateurs endocriniens, l’alimentation à risque, sucrée, salée, grasse, les pesticides dans la production agricole, tout s’impose à nous sans que nous soyons en capacité de le maîtriser.
L’offre médias multiformes à information unique où le sensationnel le dispute à la peopolisation, la toute-puissance des réseaux sociaux, les fakes news, les critiques permanentes, les manipulations de toutes sortes rebutent, affolent le citoyen. Les sondages d’opinion avant d’avoir une opinion rythme leur doxa dominante et produisent un citoyen désarmé. Ce brouhaha médiatique, où une nouvelle chasse l’autre et ne tient pas plus d’une heure, transforme le citoyen en consommateurs individualistes et désabusés ou tout égale tout.
La réduction du politique à l’administration des choses, aux commentaires, à la présidentialisation comme seul but, à l’absence de prise sur le réel induisent une société de consommation structurant un quotidien où le seul rêve est d’acheter, où l’avenir réside dans l’espoir que ses enfants puissent en faire autant.
La globalisation dissout les centres de décisions, encourage des entreprises monde à vocation hégémonique échappant aux États. La globalisation stimule les capitaux fictifs, flottants, spéculatifs, échappant à la production matérielle et à l’intérêt général du citoyen.
L’ordo-libéralisme européen d’une part, et la dégénérescence bureaucratique de l’État jacobin de la 5e République de l’autre, brident l’esprit d’initiative des citoyens et donnent à l’action publique un aspect hors-sol et démocratiquement incontrôlable.
La violence dans la rue, les halls d’immeubles, les transports en commun, dans les mots, dans les manifestations, au travail comme pendant les parcours professionnels, dans l’enfance ou en fin de vie rendent la société insécure. Le citoyen subit cette violence sans réels moyens de la conjurer.
La société elle-même joue à guichets fermés. Ceux qui n’ont pas la chance de naître dans la nouvelle aristocratie techno-financière n’ont que peu de chances de l’intégrer. Une société de castes est venue se substituer à la promesse républicaine d’égalité de destin. L’Éducation nationale ne permet plus de pallier les carences d’une société verrouillée par un système où la méritocratie est monopolisée par les élites. L’entre soi échappe au plus grand nombre pour raison de naissance, d’origine, d’histoire ou de couleur de peau. Combien de noirs, de Maghrébins à la tête des administrations centrales, des entreprises publiques, des médias, de la justice ou des armées ? La maîtrise de son propre destin échappe à tout un chacun. Il est temps de reprendre le contrôle sur la marche du monde et sur nos vies.
Il est plus que temps de cesser de s’en remettre à l’ordre spontané du capitalisme libéral fait de désastre écologique, de relégation sociale, de crise économique qui mutilent et entravent nos existences. Il est temps de mettre de la raison et du sens commun dans l’économie. Il est temps de mettre de la décision collective dans la conduite du monde, de la maîtrise dans nos destins. Il est temps de faire du développement humain le véritable moteur de l’humanité.