La France est frappée d’une crise politique permanente : un néolibéralisme inadapté, une désindustrialisation jamais remplacée, des institutions sclérosées, un État jacobin inapproprié, un rejet des élites revendiqué, un bipartisme paresseux et sans arrêtes. Ils ont conduit le pays à la crise récurrente et à la fragmentation politique.
Le scrutin majoritaire à deux tours a permis de juguler les crises, là où la IVème République était incapable de faire. La stabilité du pays fut à ce prix. Elle priva la France de toute alternance, pendant 10 ans, et déboucha sur une révolte générale en 1968. De nos jours, la Vème République n’est plus capable de produire des majorités stables. Elles sont massives mécaniquement comme un prolongement de la présidentielle puis elles se délitent face aux réformes. Et, pour les incarner, nos institutions ne sont même plus capables de « produire des Bonapartes », à la hauteur de ce qu’exige la Vème république. Les défis de notre époque ressemblent à ceux auxquels le Général de gaulle voulait s’affronter : Reconstruction, préparation aux trente glorieuses, décolonisation, réorientation stratégique de la France vers l’Europe. Mais si les problèmes ont la même ampleur, cette France des années 60, qui reste l’imaginaire politique sur lequel nous vivons est obsolète.
Il y a le projet de société et l’unité dans la société. Le premier est le but, le second sera le moyen.
Il est nécessaire que le dessin soit porté pour que l’union soit forgée. La tâche d’une coalition.
arc-en-ciel s’articulera autour de trois piliers la cohésion, la prévision et la décentralisation : reconstruire un lien Républicain par une justice sociale ; reconstruire un avenir maîtrisé par un destin partagé ; reconstruire la nation républicaine par une décentralisation assumée.
Les crises conjointes nous assaillent. La lente décomposition saisit la France. Le besoin de pans entiers de la société de secouer l’ordre ancien. Tout ce nouveau monde chaotique se heurte à des institutions que s’affaissent et bride les forces d’une nouvelle société. Il faut une nouvelle donne, une nouvelle architecture, un nouveau compromis entre l’État et les collectivités locales.
Il faut substituer aux majorités pléthoriques et godillots des coalitions de représentants de partis différents sur des projets de gouvernements. Les coalitions d’objectifs peuvent prendre en charge les modernisations nécessaires et surmonter la fragmentation, le temps d’ouvrir le pays à une nouvelle modernité.
La proportionnelle et la coalition sont les deux moyens d’une stabilité nécessaire à une nouvelle époque.
La gauche, hégémonique culturellement depuis le Conseil national de la Résistance (CNR), ne l’est plus. Le néolibéralisme obsolète et le national-populisme redoutable se sont substitués à une gauche qui s’est inscrite, en France, en imposant des nouvelles normes sociales dans la durée au pouvoir, mais y a perdu son sens de l’histoire. François Mitterrand a inscrit la gauche dans la durée et a évité que la réunification allemande ne débouche sur un conflit européen. Lionel Jospin a conduit une gauche plurielle sur le terrain de nouveaux droits et de la modernisation sans crise dans la cohabitation. François Hollande a géré les déficits en évitant les admonestations de la Commission et du Fonds Monétaire International (FMI) et l’explosion sociale de type gilets jaunes. La gauche de gouvernement n’a pas à rougir de son bilan même si elle doit mesurer son pragmatisme et sa timidité à affronter l’injustice du monde.
La gauche française, comme la gauche dans le monde, est en proie aujourd’hui à la dislocation, la fragmentation et l’interrogation sur son sens.
La disparition de l’Union soviétique, la globalisation, la révolution de l’immatériel, l’impératif climatique, le consumérisme de masse, le recul du prolétariat et l’émergence d’un précariat de masse et la montée du national-populisme et du complotisme sont un ensemble de facteurs concomitants et structurants qui ont eu raison de la quête révolutionnaire ou la requête d’une redistribution.
Nous sommes dans un nouveau monde. Les querelles d’hier n’ont aucune portée dans le monde de demain. Il nous faut définir une nouvelle frontière de justice, une NOUVELLE SOCIETE qui correspond aux données du moment présent.
Le mouvement progressiste est divisé entre les tenants de l’adaptation à la globalisation et les tenants de la résistance. Nous nous proposons de bâtir une troisième voie sur des concepts nouveaux qui redonnent à la justice, l’égalité, la liberté, un nouveau souffle.
L’unité est indispensable, le Front populaire, l’Union de la gauche, la Gauche plurielle ont été les très riches heures de la gauche en France. À chaque fois le Parti socialiste en fut le tuteur, la colonne vertébrale et le moteur.
Aujourd’hui, si les forces écologistes et radicales se portent bien, il manque une force alternative, une stratégie, un homme ou une femme pour les porter sous la Vème République.
Nous voulons concourir à ce renouveau au travers le réseau NOUVELLE SOCIETE que nous fondons. Nous voulons réarmer la gauche pour lui permettre d’affronter ces nouveaux défis.
Le bloc des forces de gauche peut porter de nombreux espoirs. Mais l’espoir ne fait pas la victoire. Il doit être ordonné par une force identifiée en prise avec les réalités et très unitaire. C’est la quête d’une nouvelle social-démocratie. Or, celle-ci est urgente face à un front populiste en gestation, une droite ultra-libérale et un libéralisme politique sans ressort ni base sociale.
La gauche doit se reformuler pour construire un nouvel imaginaire, la nouvelle social-démocratie à partir d’un nouvel Épinay avec comme stratégie un arc-en-ciel social, écologique propre à fonder une nouvelle France.
La gauche ne doit pas s’opposer à un homme mais proposer une autre politique autrement. C’est la grande alternative, celle d’une NOUVELLE SOCIETE qui commence.