Chacun connaît la paranoïa de Donald Trump. Et, il suffit de voir comment il a salué Emmanuel Macron sous l’Arc de Triomphe pour comprendre. Le Président des États-Unis ne peut croire que les Femens ont déjoué le service de sécurité sur les Champs-Élysées. Pour Donald Trump on a cherché à l’humilier.

Quant au discours d'Emmanuel Macron, passant allègrement du nationalisme au protectionnisme, expression d’un égoïsme national, il était clair que ceci confirmait Trump dans le fait qu’il était dans un guet-apens, et ceci devant 70 pays.

Il lui en faut beaucoup moins pour se sentir viserd’autant qu'Emmanuel Macron n’a pas été d’une diplomatie à toute épreuve. 

Et voilà Donald Trump fâché ; lui qui arrivait fort d’un « Midterm » moins catastrophique que prévu. Mais, c’est surtout lui qui a gagné dans ce combat le leadership des Républicains.

Tout le monde connaît le style Trump  la mesquinerie le dispute à l’indécence. 

Il est probable que la leçon de « bien penser » devant ses pairs, lui rappela la fessée publique de Barack Obama devant le gala des correspondants de la Maison Blanche.

Enfin, tout le monde connaît l’aversion de Trump pour le multilatéralisme. Il était osé de reproduire, à " l’insu du plein gré " de Trump, la Société des Nations pour la paix, même sous l’Arc de Triomphe.

Nous touchons là les limites du « en même temps » diplomatique macronien.

Car, au-delà de la pompe, le bilan ne fut pas autant glorieux que le souhaitait l’Élysée. 

Donald Trump fâché, Vladimir Poutine maussade, Angéla Merkel mutique, l’Angleterre et l’Italie absentes, n’est pas rayonnant qui veut ! 

Et puis était-il nécessaire d’infliger aux présents un discours, certes de bonne facture, faisant la leçon au monde ?

Au nom du patriotisme précisément, nul n’osa le critiquer. Mais on peut s’interroger :

Que cherchait Emmanuel Macron si ce n’est effacer ses prédécesseurs ? La mini-marche sur les Champs Élysée sonnait comme un rappel à celle qui suivit le drame du 13 novembre au Bataclan ;Il s’agissait aussi de se poser en premier de cordée de la lutte contre le nationalisme. A la veille des élections européennes, la corde ressemblait à un câble.

On se demandait ce qu’en pensait Erdogan piquant du nez…

Il s’agissait comme pour l’itinérance mémorielle, tout autant de se souvenir que de se rétablir. 

Histoire et mémoire ne font pas bon ménage, mais message à la France et au monde pas plus. 

Il est des symboles comme de la vie politique : faire simple les rehaussent, les charger de trop de signifiants les noient.

L‘ire de Trump, on sait maintenant qu’elle s’exerce avant ou après les rencontres au sommet. Souvenons-nous des tweets à propos d'Angéla Merkel ou de Theresa May. Pendant les rencontrespar contre il file doux. Cet homme aime l’affrontement à distance mais pas les yeux dans les yeux.

Mais Emmanuel Macron était sûr de savoir le maîtriser à force de l’embrasser. 

Voilà pourquoi on comprend d’autant moins qu’il cherchât à l’instrumentaliser.

Mais en ce moment on ne comprend pas toujours la logique de l'Élysée.