Entre le mélenchonisme et le macronisme, il y a la social-démocratie

Des mots forts ont été prononcés pour qualifier l’accord entre le Parti socialiste et La France insoumise et rarement ils furent modérés ou de nature à en relativiser la portée, qu’on en soit partisan ou qu’on n’y soit opposant.

Tout a été dit ou presque sur l’accord fondateur de la NUPES, mais personne n’est dupe, ni de la nature véritable des intentions des uns et des autres, ni de leurs arrière-pensées, ni même de l’issue d’une coalition à durée limitée, du fait même de ses contradictions internes et de ses capacités limitées à faire front face à Macron.

Puisque les temps sont historiques, ils doivent aussi être ceux de la responsabilité.

La situation internationale est grosse de mille tensions dont certaines sont masquées par la guerre en Ukraine dont on a compris qu’il ne s’agissait pas seulement d’irrédentisme, mais de la réactivation de l’impérialisme russe qui avait su se recycler à l’ère soviétique et qui peut donc lui survivre.

Le 9 mai 2022 sera d'ailleurs une journée symbolique : c’est le moment traditionnel de la démonstration de force de l’armée rouge ou russe pour célébrer la victoire contre le nazisme dans ce que l’URSS nommait non pas la Seconde Guerre mondiale, mais la grande guerre patriotique. Lors, les revers sur le front ukrainien vont gâcher la fête.

C’est aussi la journée de l’Europe qui n’intéresse malheureusement pas grand monde, mais qui aurait été, sous présidence française notamment, l’occasion, non pas de fêter l’Europe, mais de marquer un cap nouveau dans l’affirmation de l’Union comme pôle de démocratie dans un monde multipolaire face aux Etat continentaux dirigés par des nationalistes autoritaires comme la Chine, l’Inde ou la Russie et face aux Etats-Unis qui se sont retirés d’une scène qu’il ne fa​u​t pas laisser vacante.

On a observé des bougés importants d’ailleurs en Europe depuis quelque temps : l’abandon de la fétichisation des 3 %, l’acceptation de la mutualisation de la dette, le développement de politiques et de budgets de défense chez des pays traditionnellement neutres comme la Suède et la Finlande.

Le succès dans la durée des sociaux-démocrates au pouvoir interroge évidemment ceux qui ne croient pas que le nuage de Tchernobyl s’est arrêté à la frontière française. Mais on se tromperait en copiant, comme on se tromperait en faisant, comme souvent en France, les arrogants et les indifférents.

Il y a plus utile qu’annoncer, plus ou moins bruyamment, son départ du Parti socialiste, car ces départs isolés ne mènent nulle part s’il n’y a pas de point de regroupement.

En 2017, la série de militants ou de dirigeants qui rendaient leurs cartes, partis pour Génération.s ou En Marche n’a renforcé aucunement la gauche, ni chez Macron, ni chez les écologistes.

Il faut donc rassembler les dispersés et offrir des éléments pour guider les égarés car l’espace entre le surplomb radical et le surplomb libéral, il y a la social-démocratie.

Ô, on sait que la social-démocratie en France cela ne va pas de soi, mais de quoi faut-il parler ?

D’une gauche ouverte et curieuse, à laquelle rien de ce qui se discute ou qui se passe dans le pays n’est étranger. Une gauche qui s’imprègne, même quand c’est inconfortable des mouvements de la société.

Cela veut dire prendre pied dans l’ensemble du mouvement social, saisir la nature des mutations économiques ou l’impact de l’appropriation par des gens des nouveautés technologiques.

Pour engager ce travail, il faut, bien sûr, une base parlementaire, mais aussi des bases dans la société, dans les secteurs où on réfléchit et où on change la société par l’action associative ou syndicale, sans oublier les secteurs où on agit sur les esprits comme les milieux culturels, médiatiques et ceux de l’éducation.

Bref, entre L’insoumission comme posture et le macronisme vertical, il y a un espace structurel, le parti de toute la société.