Décembre 2018. Les Gilets jaunes font trembler la République, Paris est parsemé de voitures calcinées et de vitrines éclatées. Emmanuel Macron, dans le plus grand secret, invite à dîner, dans un restaurant grec de la rue LaFayette (Paris IXe), ses prédécesseurs à l’Elysée. Seul Valéry Giscard d’Estaing ne viendra pas, « rapport au nom du restaurant », les Diamantaires…

Sont donc présents, autour du jeune Président, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Déterminé à réformer le pays malgré la crise sociale aiguë qu’il doit affronter, Emmanuel Macron, passablement énervé, veut comprendre « pourquoi les Français détestent la réforme ». « Je veux comprendre ce que vous avez vraiment tenté de faire et comprendre surtout pourquoi vous avez échoué », leur lance-t-il.

S’ensuit un savoureux banquet présidentiel (apéritif-entrée-plat-dessert) où chacun des convives livre, en toute sincérité, sa vision des choses, insinuations assassines comprises, tandis que les Gilets jaunes marchent sur le palais de l’Elysée…

Malgré la vraisemblance du récit, cette fable est sortie tout droit de l’imagination de Jean-Christophe Cambadélis, ancien premier secrétaire du PS. Candidat à la « refondation de la gauche » après un bref retrait de la vie politique, l’architecte de feu la gauche plurielle a choisi le roman politique comme procédé narratif, de préférence à l’essai, pour revenir en librairie.

Paradoxalement, si ce « dîner des présidents » est inventé, tout le reste est vrai. Et notamment cette anecdote, racontée « fictivement » par Emmanuel Macron à ses convives, pour les « aider à cerner le personnage de Xavier Bertrand », qui se retrouve, au dessert, au centre de la discussion.

 « C’est dommage de devoir en arriver là pour que la parole de l’Etat soit tenue »

« Le 7 novembre dernier, à Sars-Poteries, dans les Hauts-de-France, je devais signer le contrat de territoire de la Sambre-Avesnois-Thiérache, commence le Président. On s’était mis d’accord en amont. J’étais en pleine tournée mémorielle. Il connaissait l’importance de ce moment pour moi, dans cette séquence. Je lui fais une fleur en le rencontrant. Et il m’annonce qu’il ne signera pas, car il n’y a pas deux fois deux voies pour la nationale 2 entre Paris et Maubeuge. J’ai dû céder pour qu’on ne soit pas ridicules. »

Interrogé par l’Opinion, le président des Hauts-de-France confirme les faits. Mais en donne une autre lecture. « Macron m’avait donné son accord pour les deux fois deux voies, mais il a ensuite laissé détricoter le projet par les technos, rectifie-t-il. Ils ont tout simplement essayé de me la faire à l’envers ! »

Le doublement de la nationale 2 ne figurait plus dans le document de l’Etat qu’il s’agissait de signer ce fameux 7 novembre. Bien décidé à ne pas se laisser « rouler dans la farine », Xavier Bertrand était « prêt à aller au clash » pour obtenir sa deux fois deux voies. « Mais c’est dommage de devoir en arriver là pour que la parole de l’Etat soit tenue », regrette-t-il.

Dans le récit de Cambadélis, Emmanuel Macron s’appuie sur cet incident pour justifier son refus de prendre Xavier Bertrand comme Premier ministre : « Si je le prends, c’est une cohabitation de fait. » Une hypothèse qui provoque un profond soupir du président des Hauts-de-France : « Mais je ne veux pas être son Premier ministre... », rappelle-t-il un énième fois.

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